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EN MÉMOIRE DE MÉRÈS WÈCHE EN ROUTE VERS L’AU-DELÀ

Dernière mise à jour : 27 nov. 2021

Par Dischler Marcelin /

echoayiti.com




Le vendredi 15 0ctobre sous le coup de 12h 43, j’ai raté l’appel du numéro 509 37 52 14 95. Illico, j’ai retourné l’appel, une voix féminine un peu insaisissable sur un ton anxieux répond à l’autre bout de l’appareil :


– C’est monsieur Marcelin ?

– Bien sûr, à qui ai-je l’honneur ?

– C’est de la part de Mères Wèche qui vous fait dire qu’il ne se porte pas très bien, il doit rentrer à l’hôpital immédiatement aux Cayes.

– Quoi madame ? Je t’en prie de bien vouloir lui passer le combiné s’il est en état de me parler. Ce que fit la dame effectivement.


– Wèche mon frère, qu’est-ce qui ne va pas ?


– Ah ! Disch, ça ne va pas du tout. Je rentre à l’hôpital, c’est pourquoi je t’ai fait appeler. Je suis très inquiet, je ne sais pas ce qui va se passer ? Loin du ton que je lui connais, un peu attristé.


– Ah, tiens bon mon ami, je pense qu’on va prendre bien soin de toi. Je vais rester en contact avec la dame pour m’enquérir davantage de tes nouvelles. Toutefois, s’il y a quelque chose dépendamment de moi à faire, je t’en prierais de m’informer sans hésiter, je t’assure de toute ma solidarité. Ne voulant trop te retenir, je te prie de me passer à nouveau la dame. Ce qui fut fait.


– Madame, on va rester en contact, je te promets de rappeler un peu plus tard pour avoir les dernières nouvelles de Wèche. Et si besoin est, appelle-moi en urgence.


– Pour je ne sais vraiment quelle raison indépendante de ma volonté me voici tentant de rappeler la dame le lendemain à la première heure. Malheureusement la communication fut vaine. Etant donne que je devais assister les funérailles d’un autre collègue écrivain, un mentor en l’occurrence le Docteur Rony Gilot, dont Communication Plus est le distributeur de sa série titrée: "Au gré de la mémoire''


Bousculé par une journée chargée, après les funérailles de feu Gilot, il me revenait à faire quelques courses, entre autres des choses vraiment personnelles à régler.


Vers les 5h 44 samedi, j’ai décidé contacter à nouveau la dame :

– Bonjour madame, quoi de neuf ? comment se porte Wèche ?

Au bout du téléphone, une voix en pleure, complètement affectée ne pouvant contenir ses larmes, répond :


– Nous avons perdu Wèche! Il est parti pour l’au-delà, hier soir, entre 11 h p.m. et minuit alors que quelques heures avant il allait mieux. Brusquement, quelque chose lui montait à la gorge l’empêchant de respirer et de fait, il a cédé et rendu l’âme sur le coup, cela à la suite des complications liées au Covid-19. Son corps a été transporté à une morgue de la ville en attente de transfert vers Beaumont...Ma seule réaction était un long silence de stupéfaction avant d’exprimer mes sympathies à la dame éplorée, presqu’inconsolable. Je suis quand même parvenu à lui demander une dernière fois de bien vouloir me tenir informé de la suite.


La seule chose que je sache de Wèche, c’est que ses plus proches parents sont à Montréal. Un de ses fils me répondait quelque fois au téléphone, c’est surtout pour lui passer le combiné au besoin quand donc il ne décrochait pas personnellement le téléphone, et pire, j’ignore même le nom de celui-là. En tout cas je n’ai aucun contact des parents de Wèche tant à Beaumont qu’à Montréal.

Voilà un ami, l’homme de belles-lettres. Bref, une perte énorme pour notre littérature. La Grand ’Anse est encore orpheline d’un digne fils qui prônait constamment le renouveau de son patelin chéri. Résident à Montréal, détenteur de la citoyenneté Canadienne, Wèche ne rêvait que de son pays d’origine, particulièrement Beaumont, sa bourgade natale pour laquelle il caressait plein de rêves, surtout sur le plan culturel. Hélas ! Sa promesse de revoir mon dernier ouvrage en cours de parution restera un vœu pieux, malgré lui.

Notons que notre dernière conversation remonte à ce vendredi quand il rentrait à l’hôpital. Savait-il que je sois la dernière personne à qui il s’est confié et pourquoi ? Sa voix lugubre résonne comme un déclic à mon oreille, est-ce donc une parole célèbre et éternelle d’un ami : « Disch, ça ne va pas, je rentre à l’hôpital. C’est pourquoi, je t’ai fait appeler, je suis très inquiet, je ne sais pas ce qui va se passer ». Sentait-il la mort approcher? Ou sentait-il déjà aux prises avec la mort ? La seule chose à retenir c’est que lorsqu’on a rendez-vous avec son destin, on y va seul. J’entends sa voix encore lorsque récemment, il m’appelait pour me dire, avec satisfaction et joie, que notre ami commun, l’actuel ministre de la Culture et de la Communication lui donne une consultation à son cabinet, je suis à Port-au-Prince, termine-t-il, sic.


À part qu’il est écrivain, poète, romancier, comptant 3 romans à son actif, il est également artiste peintre, critique littéraire, journaliste. La revue culturelle, Le Petit Samedi Soir, avant les années 80, était le bastion où il a publié pas mal de ses articles en compagnie d’une pléiade de journalistes de renom tels Gabrielle Hérard, Jean R. Hérard, Dany Laferrière et Gasner Raymond ( Celui a été assassiné sous la dictature de de Duvalier), Garry Guito, Michel Dores-K, pour ne citer que ceux-là. L’exécution sommaire de Gasner Raymond va pousser nombre de ces jeunes intellectuels, à prendre le chemin de l’exil en direction de l’Amérique du Nord, entre autres, Dany Laferrière, Mères Wèche, ont émigré au Canada. Le reste du fleuron de cette génération de journalistes et bien d’autres a été décimé par la rafle du 28 novembre 1980. Une nouvelle génération a certainement vu le jour avec la montée de jeunes loups de la presse comme Ady Jean Gardy, Huguette Hérard, Margareth Lizaire, Jean Robert Toussaint, Clarens Fortuné, Gérard Georges, Hervé Jean Michel, de regretté mémoire, Ulrick Bastien, Dischler Marcelin, votre serviteur et j’en passe. Wèche a également collaboré au journal Le Matin et L’Union. Il avait une maison d’édition à Montréal. Pas très longtemps, il occupait le poste de Responsable Culture et Communication au Consulat de Montréal.

«Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon? », s’écria l’apôtre Paul dans sa lettre aux Corinthiens. La mort de notre confrère Wèche vient-elle nous rappeler une fois de plus la fragilité de l’existence humaine ? D’où l’importance d’appliquer cette sagesse de ne plus remettre à demain ce que nous pouvons faire aujourd’hui. Wèche faisait partie de cette catégorie. N’empêche qu’il est malheureusement passé à l’autre bord subitement avec beaucoup de ses rêves grandioses pour la communauté beaumontienne. Espérons que les diverses initiatives qu’il avait mises sur pied seront poursuivies et porteront la marque éternelle de sa mémoire. Pourquoi pas une bibliothèque Mères Wèche ?


Pars en paix vieux frère, tu as fait ton part de boulot pour la littérature et la culture haitïenne. Beaumont a été mis sur un piédestal à travers tes écrits et tes actions pour faire de cet endroit un lieu vivable et accueillant à partir de tes récits sur le vif et d’autres engagements citoyens. Que le Grand Architecte de l’Univers t’accueille dans son royaume avec honneur et mérite dû à un citoyen qui avait été utile lors de son passage sur la terre maudite des hommes.


In fine, je laisse à la postérité cette réponse dans le cadre du « dialogue poétique » --------- comme tu l’avais défini-, que nous avons eu, qui nous avait valu toute une nuit de discussion, avant de de trouver un terrain d'entente. Tu étais à Montréal, moi à Miami :


RÉCREATION LITTERAIRE

Un ROUMAIN débarqua en Haïti au cours d’un mois de JANVIER. Il VILAIRE si frais dans LAFOREST de MAYARD, près de l’avenue FOUCHARD où BRIÈRE des PIERRE, FIGNOLÉ de poésie, qu’il resta ébahi DURAND des heures, et c’est au LALEAU qu’il fut nourrit, jusqu’en MARS, sans jamais en dégoûter au moment de son départ. Il s’est montré au ST-ARMAND auprès d’AGNANT qu’il rencontra dans un HALL bordé de ROSIERS.

Mérès Wèche, décembre 2019

RÉPONSE À MÉRÈS WÈCHE

Cela sent du WÈCHE dans toute la splendeur de MÉRÈS, fils de la cité des poètes. À l’approche de JANVIER, il fait grand plaisir de se nourrir au LALEAU non corrompu du terroir, même quand PIERRE au fond des ténèbres VILAIRE, pas très loin MARS. LAFOREST peut toujours cacher MAYARD pour mieux épier BRIÈRE à l’avenue FOUCHARD en se remémorant des marrons du syllabaire au nom de ST-ARMAND sous les regards médusés d’AGNANT dans une poésie FIGNOLÉ dans cette HALL, qui nous a conduit trois décennies DURAND loin des ROSIERS que ROUMAIN, avant de rebrousser chemin, avait semé pour que les champs drainés DESSALINES soient fructifiés, gouvernés dans la rosée…

Dischler Marcelin, Miami FL, 24 décembre 2019


N.B.- je vais apprendre par la suite que la dame à laquelle je faisais allusion plus haut n’était autre que Marie Vene, la compagne de notre ami Wèche.

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