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Haïti : Le temps des incertitudes

echoayiti.com

La pénurie de carburant qu'on enregistre depuis quelque temps dans le pays risque de consumer dans les prochains jours tous les compartiments de la société haïtienne. Durant toute la période post-macoute, plus précisément durant la période de l'ambargo (1991-1994), il n'y n'avait pas cette pénurie de carburant qui étend ses tentacules comme les métastases d'un cancer, un peu partout dans le pays. Le peuple haïtien jusque-là courageux et qui fait toujours montre de résilience ne sait pas pour le moment à quel Saint se vouer et à qui se tourner pour égrener son chapelet de misère long comme une litanie.


Pour l'heure, les riches et les pauvres se logent à la même enseigne. Chaque jour, ils sont à la recherche du "précieux liquide" pour faire fonctionner leurs entreprises ou pour vaquer à leurs obligations. Du coup, le prix du panier de la ménagère augmente de façon exponentielle. Le prix du transport public augmente considérablement. L'eau ne coule plus dans les robinets. La vie en Haïti disparaît au pas de course. Les coupures d'électricité entravent le fonctionnement des institutions, et surtout des biens et services médicaux. Les soins en pédiatrie, maternité, traumatologie ou en urgence risquent d'être totalement interrompus. Certains hôpitaux ont déjà fermé leurs portes. Les banques commerciales ont modifié leur horaire. Elles travaillent trois fois par semaine. Les stations de radio et de télévision ne fonctionnent plus. Les universités ne peuvent pas organiser leur concours d'admission. Le souffle du pays est coupé à la gorge. Tout est au point mort. Ce qui augure une véritable crise humanitaire aux conséquences incalculables.


Les chauffeurs de transport en commun sont toujours en grogne contre les autorités gouvernementales en raison de la pénurie d'essence qui entrave leurs activités quotidiennes. Actuellement, sur le marché informel, le prix du gallon à essence varie entre 1500 et 2000 gourdes alors qu'en temps normal, il est de 225 gourdes.


L'État haïtien est dans la liste des abonnés absents. Depuis un certain temps, le pays n'est pas gouverné. Il n'y a pas de capitaine à bord. Le bateau se noie avec tout le monde, y compris les gangs qui imposent leurs lois et qui coupent le pays en deux, soit de la côte Sud au reste du pays.


Que doit on faire pour sortir de cette impasse. Avant l'assassinat de Jovenel Moïse, l'opposition politique avait annoncé de profonds changements dans le pays. Plus de quatre mois, après le crime odieux de Pèlerin 5, l'incertitude plane. Les acteurs politiques cherchent inutilement un accord. Des bla bla stériles occupent le paysage médiatique alors que le pays s'effondre autour d'eux.


Comment sortir de ce labyrinthe s'il est dans notre incapacité de gérer l'urgence qui passe nécessairement par un dialogue franc et sincère entre tous les fils et filles du pays, et aussi par un climat sécuritaire à l'approche des fêtes de Noël et du nouvel an. Le pays se meurt sous nos yeux et personne ne s'en soucie comme si nous nous n'avons pas assez compté de morts, comme si nous sommes dans l'impossibilité de construire l'avenir .


Est-ce qu'on attend vraiment que tout s'écroule devant nous pour enfin dire non à ce système corrompu et mafieux qui nous deshumanise et nous enfonce, chaque jour davantage, dans l'abîme?


La rédaction

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