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L'affaire Morvan VS Napoléon ou les limites du journalisme sensationnel

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J’ai toujours considéré un journaliste comme un Historien du présent. Certes, ceux qui font l’histoire ou l’événement sont souvent là et sont acteurs dans (et de) l’actualité; ce qui rend le travail du journaliste plus facile que celui de l’Historien : un bon carnet d’adresse et la possibilité de dénicher l’information peuvent vite faire «l’affaire». Néanmoins, une certaine exigence s’impose au journaliste comme à l’Historien : l’analyse des sources (est-ce une source de première main ou de seconde main ?); donc sa valeur; la multiplication des sources d’information (place tant à ceux qui accusent qu’aux accusés).

Un autre niveau concerne l’analyse qu’on peut qualifier dans le cas du journaliste de "la confrontation des sources". Ce qui manque souvent et cruellement actuellement tant dans les médias traditionnels que sur les réseaux sociaux, ce n’est pas que ce dernier élément fait défaut, mais ceux qui font le travail de «journalistes» n’ont très souvent tout simplement pas les outils académiques pour le faire. En France, au Canada, en Chine ou dans d’autres pays qui ont atteint un niveau culturel global acceptable, l’effet n’a pas trop d’incidence, mais dans un pays comme le nôtre où le niveau culturel général de la population n’est pas des plus enviables, les conséquences sont souvent irréversibles. Pour faire sensation, on détruit la vie et l’image de l’autre. Et comme dans toute société de ce niveau, il faut être manichéen : soit on est dans le Camp de "Un tel", soit on est dans l’autre Camp. Pas de place pour la nuance ! Nous pouvons toujours connaître une vérité et la partager dans nos petits cercles d’amis tandis qu’il est tout à fait impossible de la relater sur les réseaux sociaux ou dans le cadre du métier de journaliste si nous ne réunissons pas les critères déontologiques pour le faire ou si nous ne pouvons pas ériger nos propos en "faits" contruits suivant une rigueur ou une exigence qui peut orchestrer démonstration de preuves si besoin! Parce que là, une fois étalés sur les réseaux sociaux, ça tombe dans le domaine public et peut porter atteinte à la réputation et à l’intégrité. Et dans cette équation, il y a l’opinion publique : pour résumer, on peut toujours accuser de corruption quelqu’un et que ça n’a aucune incidence si le public n’y croit pas, quand bien même celui-ci serait le plus grand corrompu qui existe; de même qu’on peut passer toute sa vie à défendre quelqu’un qui a vu sa réputation réduite à néant parce que le public a cru aux faits incriminés, tandis que la personne n’a rien à se reprocher. Pour résumer et mettre un pied dans l’actualité : John Colem Morvan a tort de débiter des choses qu’il n’avait pas la capacité de «démontrer», mais cela ne signifie pas que Johnson Napoléon a raison. Nelson BELLAMY

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