La démagogie féministe: l’édito du 8 mars
Par John Wesley Delva

En ce 8 mars, des messages de soutien et d'encouragement à la femme pleuvent. Cela se passe de la même façon chaque année. Cette date, les féministes se l'approprient pour faire plein de bruits, pour marcher dans les rues, pour discourir et donc continuer dans leur entreprise démagogique de dresser la société contre les hommes...
Pour moi, la démagogie tient au fait de la tendance à la polarisation, du moins à la sectarisation de la société. On dirait que l'homme et la femme renvoient à deux entités distinctes qui appartiennent chacune à une planète différente. Cet aspect sectaire du discours féministe a en lui la faiblesse de ne pas tenir compte de la société dans sa globalité.
En effet, les éléments caractéristiques servant de fonds aux revendications féministes sont aussi valables pour les hommes. L'inégalité, par exemple, n'est pas une affaire genrée, elle concerne les femmes aussi bien que les hommes. Le pourcentage est peut-être, sinon certainement plus élevé, chez les femmes, mais tout combat contre les inégalités sociales doit tenir compte du phénomène dans sa globalité et non se borner à un aspect de genre.
Même considération pour la question de la domination masculine que combat le féminisme. La domination n'est pas exclusivement une affaire hétérosexuelle. Elle s'exerce aussi dans les rapports homosexuels. Ainsi, si l'on veut mener une lutte contre la domination sans sombrer dans la démagogie, cette lutte doit être menée contre toutes les formes de domination qui tendraient à aliéner l'autre.
On peut tout au moins déceler dans le discours féministe une forme de velléité tendant vers la victimisation de la femme. Cette tendance devient le référent "légitime" des mouvements féministes. Cette posture victimaire, assez souvent, nie la réalité contraire. Que dirait-on de l'homme qui est violenté par sa partenaire? Que dirait-on de cette femme qui est violentée par une autre femme? Bref, que dirait-on de la femme-bourreau? Je crois que le mal peut venir des deux côtés. C'est pourquoi, il faut aborder le problème sur le plan strictement humain et non sur une base genrée. C’est pourquoi aussi, il faut un discours de la responsabilité à la place de celui qui présente l’autre sexe comme une éternelle victime.
En outre, la démagogie féministe se situe aujourd'hui au fait même du flou définitionnel du concept de genre. Qui est homme et qui est femme aujourd'hui, si selon une certaine approche de la théorie du genre, l'identification à un sexe est pure chimère? Au regard de cette approche qui s'inspire de la philosophie humaniste, au nom de quelle catégorie la lutte féministe tirerait son fondement? Comment le discours féministe appréhenderait t-il cette conception voulant couper court à la normalité hétérosexuelle, revendiquant un retour à une prétendue neutralité originelle? Que propose le discours féministe par rapport à cette approche?
En tout cas, les réalités sociales, tels le racisme, la xénophobie, le machisme, etc. sont des constructions. En ce sens, toute revendication de déconstruction du discours légitimant ces catégories est sensée, mais l'est encore plus quand elle prend ses assises sur des fondements humanistes. Sinon, la démagogie n'est pas trop loin de son but.
John Wesley DELVA, 8 mars 2018, Montréal.