La discorde aux cents voix
Dernière mise à jour : 9 janv. 2022

L'assassinat crapuleux du président haïtien, Jovenel Moïse, dans le silence tranquille de son domicile au matin du 7 juillet 2021, a plongé le pays tout entier dans la plus grande incertitude. Pareil à un voilier qui tangue sur une mer démontée, Haïti nage dans le flou le plus total. Il n'y a pas de capitaine à bord. Tout le monde est obligé de se murer dans un silence à peine voilé ou se recroqueviller dans sa peur du lendemain qui n'augure en effet rien de bon.
Outre les enlèvements contre rançon de nombre de compatriotes haïtiens et des étrangers, les problèmes liés à la rareté du carburant, la misère, la pauvreté et ses avatars sont aussi le quotidien d'un peuple déjà fatigué du crétinisme et de l'irresponsabilité de ses dirigeants.
Avant le crime du Pèlerin 5, nos leaders politiques s'essouflaient dans la presse locale pour dire que le pays ira mieux quand il sera débarrassé de Jovenel Moïse. La vie reprendra normalement son cours. Le pays sera délivré de ses vieux démons. Les bandits seront placés hors d'état de nuire. Et d'autres bla bla stériles ou des contes à faire dormir debout. Le paysage médiatique était et est encore encombré de leurs cacophonies. Mais au delà de ce droit qu'ils ont de s'exprimer, rien de bon n'est encore sorti pour changer la mine affreuse de ce pays. Haïti est plongée dans une totale confusion. Personne ne sait que faire. Aucun de ne nos leaders ne peut proposer une directive à ce pays, une feuille de route qui reprendra toutes les doléances des Haïtiens sans distinction de classe ou de couleur. Une feuille de route qui prendra en compte toutes les obligations du citoyen haïtien qui est appelé à vivre dans un pays qui est le sien.
Au contraire chacun à ses accords. Chacun a ses propositions. Chacun a dans sa poche ses ministres ou son président ou des personnalités de la communauté internationale susceptibles de l'aider à concrétiser ses dangereuses illusions. Alors que le devenir d'une nation passe par la responsabilité des citoyens bien imbus de leurs obligations envers la patrie qui se meurt. Entre l'accord de Montana, celui du PM Ariel Henry et tous les autres accords qu'on concocte loin des intérêts réels du peuple haïtien, lequel est le plus applicable pour sauver ce pays pendant qu'il est encore temps?
Ceux qui se discutent ou qui se chamaillent entre eux ont-ils déjà mesuré la somme des urgences d'un pays qui manque de tout? Ont-ils l'éternité devant eux pour bavarder? Alors que loin des conforts des hôtels luxueux de Pétion-Ville où se déroulent les assises ou conclaves, il y a des paysans de quatre départements du pays qui ne peuvent pas rentrer dans la capitale pour vendre les produits de leurs champs aux fins de subvenir aux besoins de leurs familles.
Pensent-ils que le peuple haïtien s'intéresse à leurs pourparlers lorsque les bandits déclarent sur les réseaux sociaux vouloir observer une trêve pour honorer la mémoire des Héros de Vertières, ces valeureux guerriers qui ont écrit dans la sueur et le sang l'épopée de 1804. Entre ces criminels notoires et ces politiques véreux qui conversent autour de l'avenir du pays, lequel doit-on écouter? Bien entendu, ni l'un ni l'autre. Nous sommes résilients aux menaces et aux discours farfelus. D'ailleurs le docteur Turneb Delpe est mort sans avoir le rêve de sa vie qui était celui de réaliser une grande conférence nationale où tous les fils de ce pays seraient représentés.
Madame, Monsieur le temps des palabres est révolu, il est temps de proposer à ce peuple qui ne figure pas dans les grandes lignes que vous allez aborder puisse retrouver sa paix et sa dignité, son courage et sa volonté de transmettre à ses enfants un avenir à la hauteur de leurs rêves et de leurs ambitions.
La rédaction