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Marquise Ferjuste du COFUH répond à John Wesley Delva autour de son édito du 8 mars

Par Marquise Ferjuste

COFUH

echoayiti.com

J'ai lu, non sans étonnement, le texte de M. John Wesley Delva titré "La démagogie féministe: l'édito du 8 mars", paru dans le prestigieux journal en ligne, Echoayiti, le mercredi 11 mars 2022, dans la rubrique "Point du jour" À travers cet édito, l'auteur vient de me convaincre qu’il n’a rien compris de l’histoire du féminisme à travers le monde. Je ne suis pourtant pas convaincue du fait qu’il n’a réellement rien saisi de la réalité sociale des femmes. Ici, loin de moi l’envie de faire du tact au tact avec lui. Voyons plutôt dans cette initiative un réveil à la conscience chez tous ceux et toutes celles qui choisissent de porter des œillères par rapport à cette réflexion que je considère comme un danger pour qui se laisserait séduire par ces belles phrases bourrées de sexisme et de préjugés.


Je vous conseillerais volontiers un coup d’œil sur le fameux texte de Claude-Narcisse, Jasmine «Vent du féminisme en Haïti», à défaut de constater, par vous-même, le chemin parcouru par nous les femmes à travers nos aînées pour pouvoir bénéficier aujourd’hui de quelques maigres acquis en Droit. Toujours est-il que le gros lot reste à accomplir dans l’application aussi bien que dans le quotidien, socialement parlant. On a qu’à prendre cet outil ô combien puissant à travers le monde «LA BIBLE» pour avoir une idée de la valeur des femmes sur le plan familial et social!


Il y a que les femmes qu’on ne prend même pas la peine de compter. Elles sont la bête noire à étouffer! On peut également se référer à l’histoire de l’indépendance d’Haïti pour éviter d’aller plus loin. La contribution des femmes et leurs rôles décisifs dans les luttes pour l'indépendance sont-ils reconnus, à travers les livres d'histoire? Combien de bustes pour elles sur les places d'armes ou publiques? L'histoire, telle qu'elle est racontée, et surtout par les hommes, n'a-t-elle pas minimisé, voire nié cette contribution? Franchement, je n'éprouve que de la rage devant tant d'omissions et et d’injustices.


N’allez pas chercher midi à 14h. Oui le monde évolue, on nous propose de nouvelles formes de pensées sur la question de genre ou de sexe; oui le courant radical du féminisme existe tout comme le libéralisme égalitaire; oui les femmes-bourreaux existent mais la question est de savoir s’il s’agit d’un combat pour la minorité ou la majorité. Les noirs qui luttent pour avoir leur place dans ce monde ou encore pour rétablir et corriger l’histoire du monde en faisant respecter leurs acquis veulent-ils, par là, prendre la place des blancs ? Je ne crois pas M. Delva. Personne n’a dit que ce n’était pas condamnable une femme qui use de la violence sur une autre femme, un homme et même un enfant! En tout cas moi, je le condamne! Tout comme je reste convaincue que le combat pour l’émancipation des femmes et leur «Libération» ne seront jamais une victoire sans la participation active des hommes, car ils ont leur rôle à jouer de même que les femmes qui éduquent les petits garçons qui vont demain être des bourreaux !


À LIRE: La démagogie féministe: l’édito du 8 mars

Par John Wesley Delva



Alors, je condamne toute tentative à réduire le sens de ce combat à une lutte ridicule pour remplacer les hommes! Quelqu’un eut à dire et avec justesse que le Féminisme c’est de l’Inclusion! J’attends mieux que ça de M. Delva. Konbyen pousantaj fanm ki deklare pitit pa pou li? Konbyen pousantaj fanm kap gonfle figi gason bat li ak sentiwon ye? Konbyen pousantaj Fanm ki Vyole Gason? Konbyen pousantaj mizik Pou denigre gason, minimize gason nan sosyete an? Konbyen pousantaj asèlman nan kad travay, pou bay djòb lan ye pou mesye yo pa rapò ak fanm yo?


Je continue d’apprendre… je suis ouverte au savoir. Merci d’éclairer mes lanternes si aujourd’hui le combat pour l’élimination de tous types de violence à l’égard des femmes ne serait plus digne des droits humains. Je vous laisse entre-temps avec cette phrase que j’espère que vous garderez en mémoire la prochaine fois qu’il vous viendra l’envie de parler du mouvement des femmes par des critiques véhémentes sans considération aucune pour ses fondements et ses acquis: "Le Féminisme, c’est une lutte dont la doctrine prône le respect des droits de la personne humaine qui commence avec les femmes, passe aussi par les hommes qui ont toujours été au devant de la scène, sans négliger les enfants."


Marquise Ferjuste

Fondatrice du Collectif des Femmes Universitaires Haïtiennes ( COFUH)

Formation en Anthropo-Sociologie et Sciences Juridiques/ UEH

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