Nous sommes attendus
Dernière mise à jour : 6 nov. 2021

Nous avons, par ces temps si tristes et si incertains, exprimé notre refus de compatir à la détresse de notre pays qui, malheureusement, étale à la face du monde le sentiment de sa déchéance. Depuis longtemps déjà, le pays s'engouffre dans le vide, et les crises politiques que nous endurons ont poussé des milliers d'Haïtiens à fuir le pays et migrer vers des cieux plus cléments sous le regard impavide et indifférent de nos dirigeants, lesquels n'arrivent pas, depuis 1804, à trouver la meilleure formule pour orienter ce pays qui est le nôtre sur la voie du progrès et du développement durable. Et tous les Haïtiens sont obligés de côtoyer, chaque jour, l'inacceptable, de vivre dans un pays où chaque coin du territoire est occupé par des gangs armés qui imposent leur loi.
Ces derniers, rançonnent une population déjà appauvrie, volent, violent et tuent sous les yeux des agents de la Police Nationale d'Haïti, chargés d'assurer la sécurité des vies et des biens. Chaque jour, sur les réseaux sociaux et dans les médias, on fait le décompte de nos morts, ceux qui sont partis et qui ne reviendront plus jamais. De tous ceux qui sont tués, abandonnés dans la rue avec leurs rêves et leurs espérances. Heureusement qu'il y a la mort, disait le poète. Ils sont nombreux, ces jeunes en ces temps de crises sociopolitiques, qui, à l'instar des personnages des Dix hommes noirs d'Etzer Vilaire, voient dans la mort une suprême sentence, la seule échappatoire, à défaut de partir vers d'autres pays, pour espérer, vivre, fonder d'autres certitudes dans un ailleurs parfois incertain.
Aujourd'hui, il est urgent que l'Haïtien retrouve confiance en lui-même, en sa dignité, en sa capacité de reconstruire un pays à la dimension de ses rêves et de ses ambitions. Pour y arriver ou pour relever ce défi, nous devons retrousser nos manches pour nous réunir autour de l'unité qui fait notre force, et nous engager dans un dialogue franc et sincère où chaque petite voix trouvera une résonnance profonde dans l'humanité de chaque haïtien qui croit, qui vit et qui espère.
Le temps n'est plus aux règlements de compte, à la discorde et à la division, mais au pardon et à la réconciliation. Maintenant, et plus que jamais, il revient à chaque fille et fils de la nation de jeter un regard de pitié sur la Patrie meurtrie et de se demander en quel sens "je peux m'impliquer dans un projet commun pour redessiner la cartographie de ce pays enlisé dans les bas fonds de la misère et du sous développement".
À Écho Ayiti, nous croyons qu'il est encore possible de sauver ce pays. Ce journal est né à partir de la volonté d'un groupe de patriotes qui croient qu'il appartient à chaque Haïtien de faire un kilomètre de plus pour aller à la rencontre de l'autre qui nous manque tellement, et qui a besoin de nous pour faire route ensemble. Écho Ayiti est né à un moment où toutes les institutions de notre pays se sont effondrées, où nos jeunes ne croient plus en l'avenir, où chacun attend la meilleure occasion pour laisser ce coin de terre qui lui a été légué aux prix d'énormes sacrifices. Faisons en sorte que ce nouveau média, loin des intérêts de classe ou de chapelle et de tout tapage médiatique, puisse arriver à agiter diverses problématiques qui bouleversent la société haïtienne, depuis bien des décennies, aux fins de solutions concertées, fiables et durables, ce, dans l'intérêt collectif.