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Où sont passés les avocats du peuple?

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L'Haïtien, dit-on, est un peuple qui danse, qui rit et qui pleure à la fois. Mais depuis bien des temps, les gangs armés nous enlève le droit de rire, de danser, voire d'exister. Souffrances, angoisses et tragédies sont le lot de notre quotidien. Pire encore, l'État nous tourne le dos. Il est en mode «manfoubin et piyajè» et trinque même avec les assassins. À ce carrefour chaotique de notre existence, les avocats du peuple semblent répondre aux abonnés absents. Où sont-ils passés Qu'attendent-ils pour lancer la prise de la Bastille ou le fameux «Grenadier à l'assaut» pour libérer le pays, laver ses flétrissures, et surtout redonner espoir à toute une génération déboussolée et sacrifiée...?


Il y a longtemps que la vie semble plier bagages en Haïti et s'en est allée à l'autre bout de la rive laissant derrière elle une masse d'hommes et de femmes terrifiés et sans repère vivant sous la loi des groupes criminels. Ces derniers assiègent diverses régions du pays et transforment la Cité en une ville fantôme et l'existence des habitants en un véritable cauchemar. Ils volent, violent, kidnappent et tuent allègrement femmes, enfants et vieillards. Et toute autre personne, à quelque groupe social auquel elle appartient, osant s'aventurer dans les rues. Après Dieu, ce sont eux les maîtres des vies et des bien. Ils rythment notre quotidien de leurs caprises, de leurs folies et de leur sadisme. Au comble de notre drame, ces malfrats ne s'en inquiètent pas, ils ont des parrains partout, et notemment dans la plus haute sphère de l'État, lesquels leur dicte des ordres, les alimentent en armes et en munitions, les nourrissent... Ils sont également au service des politiciens véreux et des affairistes du secteur des affaires. À l'horizon aucune perspective ne s'offre aux «pitit sòyèt», au jeunes, aux intellectuels et professionnels sinon la fuite, l'exil ou la résignation. Et les plus aguerris qui osent s'engager dans la lutte seront vite désenchantés ou portés à se désengager tant les Conzé sont partout et infiltrent les fronts.


Aux heures de grandes turbulences dans la vie d'un peuple, s'émergent toujours des patriotes conséquents dont les actions concertées visent à extirper ses concitoyens, notemment les masses du fond du tunnel pour les conduire vers la lumière. Telle a été notre grande surprise de constater que le peuple dans ses péripéties s'est livré à lui-même. Pourtant, hier, des soi-disant patriotes et défenseurs du peuple étaient tous au rendez-vous Au chevet de la Patrie en péril, ils montaient la garde et étaient toujours à l'avant-garde de toutes les manifestations et revendications populaires. Ils s'appelaient avocats ou élus du peuple, Petro challenger et gesticulaient dans les radios, télés et sur les réseaux sociaux. Le mot de passe : le Peuple! Toujours le peuple! Rien sans le peuple! Tout pour le peuple! Alors que les conditions de vie de ce même peuple se sont détériorées, ils répondent aux abonnés absents. Le peuple croupit dans une misère abjecte, vit dans la saleté. Et l'insécurité criminelle l'axphisie. Silence radio. Les choses ont changé. Situation oblige. Ils sont tous invités à conjuguer le verbe manger en famille et alliés sous l'hôtel des compromis compromettants. Et à peine la table était-elle servie, ils sont devenus muets. Et frappés de Cécité. D'un coup, ils renient le peuple avec ses cahiers des charges. Ils renient tout. Trop avares, ils ont tout accaparé avec leurs acolytes. Et cela même du «reste».


Sous l'emprise des gangs armés, le peuple haïtien vit les pires moments de son existence. Asphyxié de toutes parts, il ne sait à quel Saint se vouer. Ajouter à cela le chômage et la misère qui le tiraillent. Et face à son cauchemar, c'est le silence radio du côté de ses prétendants défenseurs. Pas même les plus intransigeants n'ont pipé mot ou n'élève leur petit droit pour crier halte là. Chose étonnante et pour le moins révoltante. Ces avocats du peuple sont-ils épuisés? ou sont-ils à cours d'imagination? Ou se conforment-t-ils avec ce vieux dicton : «on ne parle pas avec la bouche pleine»? En attendant que d'autres grenadiers sincères et incorruptibles reprennent l'étendard de la lutte en vue d'une société plus juste et plus égalitaire, le peuple poursuit son périple dans la crasse, le dénuement, au cœur d'une Cité hantée devenue un cimetière à ciel ouvert...


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