Sommet sur l'insécurité: LÒD Demokratik, l'un des instigateurs de l'idée, était absent
Dernière mise à jour : 30 mai

Le forum de deux jours sur l'insécurité, initié par le Haut conseil de transition (HCT) a pris fin, le mercredi 24 mai 2023 sans aboutir à des propositions concrètes sur la question. Plus d'un y voit un gaspillage de temps et d'argent. À tenir compte des conditions dans lesquelles le sommet a été réalisé, il était évident qu'il n'accoucherait pas grand chose vu que des acteurs importants, y compris LÒD Demokratik, l'un des instigateurs de l'idée, y étaient absents, alors que toute la Nation devrait s'approprier une telle initiative, surtout dans le contexte actuel.
Du 23 au 24 mai 2023, à Karibe Convention Center, s'est déroulé le forum sur l'insécurité et la réforme politique, à l'initiative du Haut conseil de transition, avec l'appui du gouvernement. Ce forum politique qui a pour objectif principal de dégager un consensus entre les acteurs sur le rétablissement de la sécurité sur tout le territoire national, selon les propos de la présidente dudit conseil, Madame Mirlande Hyppolite Manigat, a été l'objet de vives critiques. Nombreux sont ceux qui ont déploré qu'une telle initiative n'a pu rassembler les acteurs clés de la vie nationale dans le cadre d'un consensus large autour de la question en vue de meilleures réponses à ce phénomène.
En dehors des membres du gouvernement, des représentants du corps diplomatique et trois experts de nationalité étrangère, seuls quelques partis politiques, pour la plupart signataires de l'accord du 21 décembre 2022, et des activistes politiques y ont pris part. Les partis les plus influents, le Protecteur du citoyen, les experts nationaux en matière de sécurité n'étaient pas représentés. Pas même Lòd Demokratik, alors que celui-ci à travers son président, Me Jean Renel Sénatus, a été parmi les premiers partis politiques à proposer un sommet d'État national de deux jours sur l'insécurité qui devrait impliquer, selon lui, des anciens officiels de l'État, des hauts gradés de l'armée et de la police, des représentants des pays dits amis d'Haïti, des experts d'horizon divers, et avec pour médiateur l'Office de la Protection du Citoyen. Pour manifester sa bonne foi, il avait annoncé lors d'une conférence de presse le 21 mars 2023 que son parti contribuerait à hauteur de cinq millions de gourdes (500.000.00 gourdes) au grand fond de solidarité visant l'acquisition d'hélicoptères de surveillance ou de combat, de drones et d'autres matériels dont la Police Nationale d'Haïti (PNH) et les forces armées ont besoin pour mener à bien les travaux devant ramener la paix et la sécurité dans le pays. Un mois après, soit le 21 avril, il a informé l'OPC que le parti est prêt à mettre cette contribution sur la table et n'attend que l'ouverture des comptes banquaires y relatifs pour la remise officielle de ladite contribution.

Une proposition qui a été accueillie favorablement par le protecteur des citoyens, Me Renan Hedouville, qui avait promis d'engager des concertations auprès de divers secteurs pour la matérialisation d'un tel forum. Mais, dans une manœuvre politicienne, le gouvernement a doublé tout le monde et organisé, deux mois après, à la hâte, un sommet de deux jours sur le phénomène, loin des attentes de la population, et qui s'apparente davantage, selon divers observateurs, à une réunion entre copains pour la galerie. Après deux journées de débats interminables et houleux, voire de scarmouches et de tergiversations, rien de concret n'est sorti. Ce qui pousse même des participants à questionner le bien fondé de cette démarche. Ils estiment que ce forum ne contribuera en rien à résoudre le problème de l'insécurité et la crise multidimensionnelle qui gangrènent la société.

La gangstérisation de plusieurs villes du pays avec ses corollaires le kidnapping et la criminalité constitue le plus grand fléau qui mine le pays en ces temps-ci. La proposition de LÒD Demokratik, embrassée avec enthousiasme par l'OPC, s'inscrit, à en croire les responsables, dans une démarche citoyenne et se veut une contribution à la reconstruction du pays, et surtout à la refonte des institutions républicaines. Et c'est le cas pour bien d'autres partis ou secteurs aussi. Mais les responsables d'État ne l'entendent pas de cette oreille et préfèrent s'inscrire dans une fuite en avant qui met à mal leur véritable volonté de combattre la criminalité et de juguler la crise institutionnelle qui sévit dans le pays depuis bien des décennies. Comme s'il s'agit d'empêcher, non sans méchanceté, à certains compatriotes de se projeter devant la scène, en raison de leur engagement et de leur position éclairée.
À ce carrefour difficile de notre vie de peuple, la problématique de l'insécurité ne devrait pas être l'apanage de quelques groupes ou chapelles politiques. Toutes les forces vives de la société doivent y être impliquées en vue des solutions fiables et durables. Même le Premier Ministre, Ariel Henry, reconnaît qu'il faudra davantage de consensus afin de résoudre ce problème épineux. Si on n'avance toujours pas, c'est que les éternels chiens de garde du système sont toujours tapis dans l'ombre et attendent toujours la moindre occasion pour passer à l'offensive et concrétiser leur de rêve de désagrégation du tissus social pour satisfaire leurs intérêts mesquins.
La rédaction